16,8 %. C’est l’écart de salaire qui subsiste en France entre une femme et un homme à diplôme identique, d’après l’Insee. Les quotas dans les conseils d’administration n’ont pas suffi à faire sauter le fameux plafond de verre. Même les lois contre les discriminations, renforcées depuis deux décennies, peinent à combler l’écart.
Les inégalités de genre s’entremêlent avec d’autres formes de domination sociale, tissant des situations où la vulnérabilité se multiplie. Quand les facteurs se croisent, les obstacles se dressent à chaque étape, ralentissant une marche vers l’égalité que les politiques publiques avaient largement sous-estimée.
Pourquoi les inégalités entre les sexes persistent-elles encore aujourd’hui ?
En France, malgré un arsenal juridique en constante évolution, la société reste marquée par une division sexuée du travail qui s’accroche. Les attentes envers les femmes et les hommes, transmises dès l’enfance et renforcées par les institutions, orientent en profondeur les parcours professionnels. Dès l’entrée sur le marché du travail, la ségrégation sectorielle saute aux yeux : à peine 17 % de femmes dans le numérique, plus de 80 % dans les métiers du soin et de l’éducation (source Insee). Impossible de parler de hasard ou d’aptitude naturelle, c’est une question de structures et d’habitudes installées.
Même à diplôme équivalent, accéder à des postes à responsabilité s’apparente souvent à une course d’obstacles. La place des femmes dans les cadres et professions intellectuelles supérieures s’améliore, mais l’ascenseur reste capricieux dès qu’on grimpe dans la hiérarchie. L’écart de salaire n’est pas une fatalité : il s’alimente du travail domestique invisible, des interruptions de carrière, des temps partiels acceptés faute de mieux, et d’une sous-valorisation chronique des compétences dites féminines.
Voici quelques chiffres pour mesurer l’ampleur du phénomène :
- Taux d’activité des femmes : près de 10 points sous celui des hommes.
- Temps partiel : 28 % des femmes y sont cantonnées, contre seulement 8 % des hommes.
- Écart salarial femmes-hommes : 16,8 % en moyenne (source Insee).
Les stéréotypes qui assignent des rôles “naturels” à chaque sexe verrouillent la situation, autant à la maison qu’au bureau. Tant que le partage du travail et des tâches domestiques ne bouge pas, l’égalité femmes-hommes reste une promesse difficile à tenir.
Des chiffres qui parlent : panorama des inégalités hommes-femmes en France et dans le monde
Les inégalités femmes-hommes s’imposent à travers des données nettes. En France, le taux d’activité des femmes stagne autour de 68 %, contre 75 % chez les hommes (Insee). L’écart, certes, se réduit lentement, mais il s’accroche. Sur le front du chômage, les femmes, surtout les moins de 25 ans, restent plus exposées : 18 % des jeunes femmes sans emploi, contre 15 % pour les jeunes hommes.
Le salaire cristallise les inégalités. En 2022, les femmes gagnaient en moyenne 16,8 % de moins que les hommes en France. À l’échelle mondiale, l’ONU rappelle que pour chaque dollar perçu par un homme, une femme n’en touche que 77 centimes. Les ambitions affichées pour autonomiser femmes et filles restent souvent lettre morte sur le terrain.
Quelques repères pour saisir l’ampleur de la réalité :
- France : 28 % des femmes subissent le temps partiel, contre seulement 8 % des hommes (Insee).
- À l’échelle mondiale : plus de 2,7 milliards de femmes voient leur liberté professionnelle restreinte (ONU, 2023).
- Éducation : 132 millions de filles restent exclues de l’école dans le monde (Unesco).
Ce panorama révèle la profondeur des résistances. Les inégalités traversent le marché du travail, l’école, la rémunération, et se transmettent, génération après génération. La France, comme de nombreux autres pays, offre le visage paradoxal d’une société qui affiche ses valeurs égalitaires tout en peinant à les incarner. Impossible d’ignorer la nécessité de relier cette question à la dynamique globale des droits sociaux.
Quand les inégalités de genre croisent d’autres discriminations sociales
Pour comprendre les inégalités de genre, il faut élargir le regard. Les discriminations ne s’ajoutent pas simplement, elles se croisent et se renforcent, phénomène désigné par les chercheurs sous le nom d’intersectionnalité. La pauvreté, l’origine sociale ou géographique, l’accès restreint à l’éducation ou à l’emploi, tout cela alourdit la barrière pour nombre de femmes et de filles.
En France, la précarité touche d’abord les femmes, en particulier celles qui élèvent seules leurs enfants, plus de 80 % des familles monoparentales sont dirigées par une femme (Insee). Les victimes de violences conjugales restent majoritairement féminines, une réalité aggravée par la précarité. Et à l’échelle de la planète, l’ONU rappelle que 70 % des personnes vivant sous le seuil de pauvreté sont des femmes ou des filles. L’école, souvent perçue comme le grand égalisateur, reste inaccessible à trop d’entre elles.
Quelques données illustrent la gravité du phénomène :
- Près de 200 millions de femmes et de filles ont subi des mutilations génitales féminines (ONU).
- La majorité des femmes se retrouvent cantonnées aux secteurs les plus fragiles du marché du travail : contrats courts, temps partiel subi, couverture sociale minimale ou inexistante.
La division sexuée du travail s’aggrave pour celles issues de milieux modestes ou minoritaires. Ces mécanismes expliquent pourquoi les inégalités femmes-hommes persistent, prises dans l’engrenage des réalités économiques, sociales et culturelles. Face à cette complexité, les politiques publiques peinent à renverser la vapeur. La lutte contre les discriminations exige une approche qui embrasse tous les aspects de la domination, sans prioriser un facteur au détriment des autres.
Agir pour l’égalité : leviers, initiatives et gestes du quotidien
Face à la ténacité des inégalités femmes-hommes, la mobilisation s’organise à plusieurs niveaux. Côté institutions, plusieurs avancées sont à souligner : l’allongement du congé paternité en France, la progression des mesures pour l’égalité professionnelle, et l’exigence de parité dans les organes de décision. Mais le changement ne se décrète pas uniquement par voie législative. Au quotidien, le partage des tâches domestiques demeure un levier encore trop peu utilisé : d’après l’Insee, les femmes consacrent toujours deux fois plus de temps que les hommes aux travaux domestiques et parentaux.
Dans l’univers professionnel, même si les femmes avancent dans les professions intellectuelles supérieures, l’écart salarial continue de résister. De multiples initiatives locales voient le jour : mentorat pour soutenir l’accès des femmes à des postes à responsabilité, groupes de soutien, engagement d’entreprises pour plus de transparence sur les rémunérations.
Voici des pistes concrètes à activer pour accélérer l’égalité :
- Favoriser la mixité dans les équipes et les lieux de décision.
- Renforcer l’éducation à l’égalité dès le plus jeune âge, pour casser les stéréotypes avant qu’ils ne s’installent.
- Encourager l’utilisation du congé paternité pour mieux répartir la charge familiale.
Les objectifs de développement durable définis par l’ONU appellent à autonomiser les femmes et les filles, garantir l’accès à l’éducation, favoriser la participation à la vie publique. Sur le terrain, chaque geste, qu’il soit individuel ou collectif, dessine le contour d’une société où l’égalité ne se limite plus à l’affichage, mais se vit, concrètement, jour après jour. L’histoire reste à écrire ; la suite dépend du choix de chacun d’y prendre part.


